Jusqu’à récemment on pensait que les relations homme – chat avaient commencé environ 2000 ans avant J.-C.

Les premiers fermiers, en stockant leur récolte, ont inévitablement attiré les rongeurs. Le chat a alors très rapidement identifié une source quasi inépuisable de proies. Il est probable que des félins curieux et peu craintifs se soient installés à proximité des villages primitifs, tirant parti de la manne de muridés. Ces intérêts convergents ont motivé l’instauration d’une relation de bon voisinage avec l’homme. L’Homo sapiens (ou un de ses enfants) a, sans aucun doute, recueilli un jour un chaton orphelin, initialisant ainsi un processus d’apprivoisement (habituation d’un animal sauvage au contact de l’homme).

Cette théorie était étayée par des peintures murales et des tombes égyptiennes. En 1984, une mandibule de chat a été découverte au cours de fouilles dans le village néolithique de Khirokitia, sur l’île de Chypre. Comme nous le savons tous, les chats ne sont pas particulièrement attirés par la natation ! Or Chypre est une île… On peut, par conséquent, conclure que les ossements découverts appartenaient à des animaux qui ont accompagné les premiers colons. La découverte plus récente – publiée en 2004 – du squelette d’un chaton de huit mois enterré aux côtés d’un jeune adulte à Shillourokambos, toujours à Chypre, permet de conclure que, dès 7500 ans avant notre ère, le chat avait conquis le cœur des hommes.

« Dieu a fait le chat pour donner à l’homme le plaisir de caresser le tigre. » Joseph Méry, La Comédie des Animaux

Un allié élevé au rang de divinité

L’Égypte ancienne, fille du Nil, entreposait les céréales. Les greniers pleins de grains attiraient les rongeurs voraces et souvent porteurs de maladies. Le chat, en éliminant la vermine, préservait la population de la famine, ce qui lui valut rapidement le statut tout à fait mérité de divinité. En Égypte, le chat est sacré.

Lorsqu’un chat meurt, sa “famille” porte le deuil. Malheur à celui qui sera responsable de la mort d’un chat : il sera exécuté comme en témoignent les écrits de Diodore de Sicile (Diodorus Siculus), un historien grec auteur de la première histoire universelle. De nombreux témoignages picturaux illustrent la vénération vouée à Bastet, la déesse chat. De nombreuses momies de chat ont été retrouvées, preuves que les chats recevaient les rites funéraires et l’embaumement, au même titre que leurs propriétaires.

Néanmoins des travaux archéologiques récents ont permis de démontrer que des chats (souvent des chatons) étaient délibérément sacrifiés et momifiés à des fins commerciales, vendus comme reliques aux pèlerins. Les Égyptiens gardaient précieusement leurs chats et veillaient à ce qu’ils ne quittent pas le territoire. Cependant, les échanges commerciaux entre l’Égypte et ses voisins a permis l’extension géographique de F catus autour de la Méditerranée. Avec le déclin de l’Égypte, le chat perd son côté “divin” au profit de celui d’animal de compagnie, comme en témoigne de nombreuses sculptures gréco-romaines. Ce n’est qu’au début de notre ère, que l’intérêt du chat chasseur de vermine sera formellement établi. Les Grecs et les Romains utilisaient surtout des furets et des putois pour se débarrasser des rongeurs.

L’extension géographique du chat domestique est due aux Romains qui l’ont introduit en Europe du Nord, comme en attestent des découvertes archéologiques du 4ème siècle en Grande-Bretagne. Le chat semble avoir le pied marin et c’est par voie maritime et fluviale que l’espèce a gagné l’Asie mineure, la Scandinavie et l’Europe entière.

Le Moyen Âge, période noire pour les chats

Après le déclin des civilisations grecques et romaines, en Europe, le Moyen Âge et son obscurantisme déclarent la guerre aux chats. Accusés de sorcellerie, créatures maléfiques, fourbes et retors, les chats (surtout les noirs) sont victimes de sévices et de rites expiatoires : brûlés, précipités du haut des clochers ou emmurés vivants, rien ne leur est épargné. Cette extermination massive des félins a probablement joué un rôle dans la propagation de la peste noire. La maladie est en effet transmise par les puces des rats qui ont pu proliférer en l’absence de prédateurs.

Les temps modernes

À compter du 18ème siècle, la gent féline retrouve une certaine popularité et l’engouement général pour le chat ne fait que croître depuis. À l’heure d’internet, les sites proposant photos, vidéos et histoires de chats sont les plus visités et les publicitaires ont désormais reconnu le pouvoir vendeur de notre félin domestique. L’urbanisation, les changements dans le mode de vie, les habitations verticales, l’exigüité des logements ont concouru à faire redécouvrir le chat. Cet animal demande en apparence bien moins d’attention qu’un chien. Il est discret, il reste seul sans se plaindre ni déranger les voisins, il n’est pas nécessaire de le sortir pour ses besoins et pourtant, il nous apporte une présence apaisante ou un compagnonnage bienveillant. Dans de nombreux pays industrialisés, il est désormais l’animal de compagnie numéro un, détrônant le chien dans nos maisons et dans nos cœurs.

En Asie, si le chat continue à être consommé comme viande dans certains pays, il bénéficie par ailleurs d’une aura sacrée et a la réputation d’éloigner les mauvais esprits depuis bien avant notre ère.

La prescience féline demeure mystérieuse, mais de nombreux possesseurs témoignent de comportements étranges avant les séismes, ce qui n’est peut-être pas étranger à la vénération qu’on leur porte.

Au Japon, la plupart des commerces hébergent un Maneki Neko en signe de prospérité. La Thaïlande donna le Siamois, chat impérial, au reste du monde au 19ème siècle.