C’est un épisode relativement peu connu de l’histoire de la conquête spatiale ; ses protagonistes, la chatte Félicette et la fusée Véronique, lancées depuis la base d’Hammaguir dans le Sahara algérien le 18 octobre 1963 par l’armée française. L’objectif du Centre d’études et de recherches de médecine aérospatiale (Cerma) était d’étudier le comportement de l’animal durant la dizaine de minutes dont cinq en absence de gravité, qu’il aura passé en vol.

Un documentaire archivé par l’INA a immortalisé les conditions dans lesquelles les chercheurs avaient sélectionné Félicette. La chatte faisait partie d’un groupe de quatorze, qui pendant plusieurs mois ont suivi un entraînement digne d’un astronaute : passages en centrifugeuses, électrodes sur le crâne, enfermées dans des boîtes et assaillies de bruits de fusées. Six chattes furent présélectionnées la veille du vol, choisies pour leur calme pendant les épreuves et, le jour J, Félicette devint l’élue.

Cet oubli relatif dans lequel l’astrochatte est tombée depuis pourrait s’expliquer par l’absence d’une suite glorieuse aux tentatives françaises de se faire une place dans la course aux étoiles entre Soviétiques et Américains. L’histoire de Félicette «ne mène pas à une histoire plus large», à l’inverse de la célébrissime chienne Laika, qui sera la première à voyager dans l’espace en 1957 à l’initiative de l’Union soviétique ou du singe américain Ham, en 1961. Bien que dix Français –dont, tout récemment, Thomas Pesquet– aient voyagé dans l’espace, leurs missions se sont déroulées dans le cadre de coopérations internationales, à l’inverse des premières missions américaines ou soviétiques.

C 341

Les chattes sélectionnées par le Cerma pour partir dans l’espace avaient toutes des noms de code, afin d’éviter que le personnel ne s’y attache. C 341 aurait été baptisée Félicette après coup, peut-être par la presse, lors de son retour triomphal à Paris. Une légende veut qu’elle ait remplacée au pied levé Félix, un chat de gouttière qui s’était échappé juste avant le lancement de la fusée, mais il s’agit d’un mythe.

Après le vol de Félicette, une carte postale fut envoyée aux participants avec la mention: «Merci pour votre participation à mon succès du 18 octobre 1963».

Source: site du CNES

Le 24 octobre de la même année, un autre chat lancé par l’armée aura moins de chance : déviée dès le départ, à cause d’un incident de guidage, la fusée s’écrasa avec son occupant, laissant à Félicette le titre de première, mais aussi d’unique félin à avoir effectué un vol spatial et à en être revenu vivant.

En octobre 2017, une campagne participative créée à l’initiative du Londonien Matthew Guy lève 49000 euros pour le financement d’un mémorial. La statue de bronze à l’effigie de Félicette sera finalement installée à l’Université internationale de l’espace de Strasbourg (Bas-Rhin) le Elle mesure 1,75 m et la représente « perchée au sommet de la Terre, regardant vers le ciel qu’elle a autrefois parcouru ». La statue de Félicette trône dans le hall des pionniers, aux côtés notamment du buste de Yuri Gagarine le premier homme à avoir quitté l’atmosphère.