D’après une étude menée par des chercheurs canadiens, le GC376, molécule utilisée pour traiter la péritonite infectieuse féline, maladie dont le pronostic est presque toujours fatal, présenterait des résultats très intéressants contre le Covid-19.

Dans l’attente d’un hypothétique vaccin contre le Covid-19, la recherche de thérapies permettant de soigner le Covid-19 bat son plein, des scientifiques travaillent actuellement sur cette question aux quatre coins de la planète.

Avec des résultats parfois inattendus : des chercheurs canadiens ont ouvert une nouvelle voie en publiant dans la revue Nature une étude préliminaire des résultats prometteurs de leur recherche sur… des médicaments pour chats !

Coronavirus félin (FCoV)

Le coronavirus félin FCoV est une infection courante qui affecte environ 25 à 40% des chats domestiques dans le monde. Le virus pénètre dans le corps d’un chat par voie orale (par exemple léchage) et se multiplie dans les intestins. Le chat expulsera le virus dans ses excréments où le virus peut survivre jusqu’à quelques semaines. Les désinfectants détruisent facilement le coronavirus félin.

La plupart des chats qui contractent cette infection sont asymptomatiques. Cependant, ils peuvent développer une forme légère de diarrhée ou conduire à une maladie potentiellement mortelle appelée péritonite infectieuse féline (PIF). Ce dernier ne se développe que lorsque le virus FCoV développe une souche mutante à l’intérieur du tractus intestinal du chat qui peut infecter les macrophages (un type de cellule du système immunitaire) et se propager dans tout l’organisme.

Le FCoV est un alpha-coronavirus tandis que le SARS-CoV-2 est un bêta-coronavirus. Le premier ne provoque pas d’infection chez l’homme bien qu’il y ait eu des cas où des scientifiques ont trouvé des anticorps neutralisant le SRAS-CoV-2 chez les chats.

Du coronavirus félin au SARS-CoV-2

Le GC376 est un promédicament* utilisé depuis quelques années pour soigner la péritonite infectieuse féline ; converti en GC373 après avoir été métabolisé, son action consiste à bloquer une enzyme produite par le FCoV, l’empêchant ainsi de se reproduire. Sur les 20 chats testés, 19 ont récupéré, a déclaré Joanne Lemieux, professeure au département de biochimie de l’Université de l’Alberta, dans le communiqué. Au cours de l’étude, les scientifiques de l’Université de l’Alberta ont découvert que ces médicaments inhibaient également la principale protéase** (main protease, MPro) nécessaire à la réplication du SARS-Cov-2, qui, rappelons-le, peut également être attrapé par les chats.

“Il est clair que ces médicaments doivent être rapidement testés chez l’homme”

Les résultats obtenus par les chercheurs, détaillés dans l’article publié dans Nature, sont particulièrement encourageants, notamment parce qu’aucun effet secondaire n’a été constaté. « GC373 et GC376 sont de puissants inhibiteurs de la réplication du SARS-CoV-2 en culture cellulaire. Ce sont de bons candidats médicaments pour le traitement des infections à coronavirus humains, car ils ont déjà réussi chez les animaux », indiquent les auteurs de l’étude.

“Les travaux que nous avons menés définissent le cadre de leur utilisation dans les essais sur l’homme pour le traitement du Covid-19, poursuivent les chercheurs. Il est clair que ces médicaments doivent être rapidement testés pour le Covid-19 chez l’homme.”

L’équipe de scientifiques de l’Université de l’Alberta a reçu une subvention pour démarrer des essais au Canada, ils poursuivent également des essais cliniques aux États-Unis, selon un communiqué récent.

* Substance médicamenteuse dont le principe actif a besoin d’être métabolisé/transformé par les enzymes situées dans les cellules pour avoir une action thérapeutique efficace.

** Les protéases sont des enzymes essentielles au fonctionnement des cellules. Les inhibiteurs de protéases sont l’une des classes de médicaments les plus courantes considérées pour le traitement des maladies lorsqu’elles présentent une faible toxicité. Des inhibiteurs de protéases comme le tipranavir ont été utilisées pour traiter le VIH. D’autres médicaments anti-VIH comme le lopinavir et le ritonavir sont également des inhibiteurs de protéases.