Treizième réalisation des studios Ghibli, Le Royaume des chats est un film d’animation réalisé par Hiroyuki Morita sorti en 2002 au Japon . Une œuvre vous transportant dans un univers étrange et amusant peuplé de chats.


Genre :
Animation
Titre original : Neko no ongaeshi
Année : 2002
Durée : 75 minutes
Studio d’animation : Studio Ghibli

Réalisateur :Hiroyuki Morita

Avec : Chizuru Ikewaki,Yoshihiko Hakamada,Aki Maeda

SYNOPSYS

Haru, lycéenne un peu rêveuse et candide, sauve par hasard un chat qui manque d’être écrasé par un camion. Ce qu’elle ignore, c’est que le félin n’est autre que le fils du puissant roi des chats. Cette rencontre va complètement bouleverser le cours de son existence. Dans son aventure, trois personnages vont se révéler des amis précieux le très élégant Chat Baron, Mouta, un gros matou errant, et le corbeau Toto. Haru est heureuse et hésite à retrouver la réalité. Pourtant le temps presse : si elle ne fuit pas avant l’aube, elle sera définitivement féline.

Le Royaume des chats, premier film de Hiroyuki Morita

Hiroyuki Morita débute sa carrière en 1988 en travaillant sur Akira et son univers cyberpunk. Il devient ensuite un habitué du studio Ghibli, fondé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Il était en effet chargé de certaines animations clés de Mes voisins les Yamada d’Isao Takahata et a également travaillé sur Le Chateau de Cagliostro et La Petite sorcière (Kiki’s delivery service) d’ Hayao Miyazaki. Si Le Royaume des chats est avant tout un conte initiatique sur le passage du monde de l’adolescence à celui des adultes, après le sens de la vie évoqué dans Le Voyage de Chihiro, Miyazaki souhaitait également traiter le thème de la dette (très présent dans la tradition japonaise) dans la nouvelle production du studio Ghibli ; il chargera Morita d’adapter le manga Baron, neko no danshaku (littéralement « Baron, le chat baron ») d’Aoi Hiiragi en long-métrage.

Des similarités avec un célèbre Disney

Comme pour Le voyage de Chihiro on retrouve des similitudes avec l’œuvre de Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles. Il ne s’agit bien évidemment en aucun cas de plagiat, mais plusieurs éléments permettent d’établir des parallèles entre les deux univers. Tout d’abord, les deux personnages principaux, Alice et Haru, se retrouvent dans un univers fantastique en suivant un habitant de ce monde alors qu’elles menaient une vie tout à fait ordinaire. Une fois passée la surprise du premier chat qui entame la discussion avec elle, la jeune fille ne s’étonne pas le moins du monde de commencer une amitié avec un corbeau, un chat blanc obèse et un second félin vêtu d’un costume trois pièces. Le scénario déploie ainsi autant d’énergie et d’imagination que son ancêtre britannique pour donner vie à un royaume idéalisé et enchanteur… du moins en façade. Au fur et à mesure du visionnage, ce monde fantastique se révèle en effet être une farce développée par le roi afin de le satisfaire et le distraire. Dès lors, la lycéenne va rencontrer une galerie de personnages rocambolesques et se retrouver confrontée à l’absurdité de ce royaume dans lequel les camps sont bien distincts.

En effet, malgré son kaléidoscope de protagonistes, Le Royaume des chats se différencie des autres œuvres du studio Ghibli par l’omniprésence de manichéisme dans la construction des individus. Chacun reste fidèle à son image tout au long du film, qu’il s’agisse de Baron, le chat dandy courageux, de Muta, le gros chat grognon qui cache un grand cœur, de la frêle Blanche qui incarne la bonté et la gentillesse absolue, ou du roi machiavélique et pervers. Ce dernier est en effet caractérisé par son manque total de morale et de scrupules alors qu’il prend du plaisir à dévaloriser ses semblables et à détruire son univers. Véritable alter-ego à la reine de Cœur de Lewis Caroll, ce roi permet de rapprocher l’œuvre des premières réalisations Disney plutôt que des autres créations Ghibli qui se démarquent généralement beaucoup plus par la complexité des personnalités.

Un Ghibli loin des traditions

La réalisation particulière du film pourra déplaire aux fans des Ghibli traditionnels. Ici, aucune scène contemplative, l’action et l’histoire défilent à toute vitesse, pas de temps morts pour réfléchir et se perdre dans la magie du film. C’est un choix d’Hiroyuki Morita, choix qui explique d’ailleurs pourquoi le film est beaucoup plus court que la plupart des productions Ghibli. Contrairement aux autres Ghibli, Le Royaume des chats ne propose pas non plus différents degrés de lecture. L’animation a aussi un style plus simple, moins impressionnante, mais toujours fluide, agréable, et avec de beaux décors. Son rythme et humour sont aussi plus « cartoonesque », il suffit de voir la scène du banquet. Et enfin l’héroïne tranche avec les autres, Haru est plutôt passive, subissant entièrement les événements sans vraiment les affronter, on est très loin d’une San dans Princesse Mononoke ou Arietty

Si le Royaume des chats n’est pas au niveau du Voyage de Chihiro, avec ce dessin animé d’aspect Shôjo (bande dessinée pour filles au Japon) Hiroyuki Morita nous apporte une touche de légèreté qui le démarque des autres productions de Ghibli. Cela peut plaire, comme rebuter, il n’en demeure pas moins un agréable divertissement, en particulier pour les fans de chats, et de surcroît accessible aux plus jeunes.