Le mot deuil dérive du latin «dolere» qui signifie souffrir. Il désigne un état psychologique dans lequel se retrouve une personne ayant perdue un être cher et dont le lien affectif a été rompu. Les chats jouissent d’une position privilégiée au sein de nos foyers, car nous les considérons comme des membres de la famille à part entière, pour cette raison, qu’elle soit accidentelle ou attendue, la disparition de nos petits félins est toujours une épreuve. Voici quelques conseils pour vous y préparer et vous aider à la surmonter…

Les 5 étapes du deuil

Selon le modèle Kübler-Ross, ou DABDA (du nom anglais des cinq phases), le deuil d’un chat, comme n’importe quel deuil, passe habituellement par cinq étapes successives.

La durée de ces étapes varie en fonction des personnes et des situations. Parfois, le simple fait de comprendre pourquoi on ressent colère, culpabilité ou tristesse, et de savoir qu’il s’agit de mécanismes psychologiques normaux aide à aller de l’avant. Ceci nous prouve que tôt ou tard, la douleur s’estompera et que nous pourrons avancer dans la vie, sans oublier notre petit compagnon.

Première étape : le déni

C’est la phase où l’on rejette, consciemment ou non, la mort de l’animal. On ne se sent pas capable de faire le deuil. La mort est si dure à accepter, que l’on n’y croit pas réellement ; « ce n’est pas possible, je ne peux pas y croire ». Ce refus d’accepter la réalité est temporaire, et constitue une sorte de mécanisme d’auto-défense pour rendre la douleur plus supportable. Le déni permet de ralentir ce processus du deuil, de nous guider étape par étape et de réduire le risque de nous sentir submergés par nos émotions.

Deuxième étape : la colère

Un sentiment d’injustice nous envahit. On se sent coupable de la mort de son animal. On ressasse alors toutes les choses négatives qu’on a pu dire ou faire dans ses derniers moments, on regrette. Ou on cherche un responsable à son malheur, qu’il soit réel ou un bouc-émissaire : le chauffard qui a écrasé Minou, le vétérinaire qui n’a pas su soigner une maladie, le mari qui a laissé la fenêtre ouverte, etc. Il est important de laisser cette colère s’exprimer et de comprendre qu’elle fait partie du processus de deuil.

N’oubliez pas qu’il est normal d’être en colère, mais ne le restez pas plus longtemps que nécessaire. Rien ne peut changer ce qui s’est passé, vous devez donc vous rappeler que vous êtes simplement en deuil et que la colère en fait partie. Rester en colère trop longtemps n’aidera en rien, mais en même temps, il n’y a pas de limite de temps pour faire son deuil.

Troisième étape : le marchandage

Pendant cette période, on est tellement angoissé de se retrouver sans son fidèle compagnon que l’on cherche à “négocier” auprès d’une entité irréelle à retourner au moment où l’animal était encore présent et vivant.  On reconnaît que la situation est bien réelle, mais on se demande ce qu’on peut faire pour faire revenir son chat. On imagine des scénarios qui auraient pu empêcher l’issue fatale : « si seulement j’avais eu plus d’argent, je l’aurais amené chez 10 autres vétérinaires pour avoir d’autres avis médicaux … si j’avais clôturé tout le balcon pour éviter qu’il ne saute… si j’avais été là lorsque… » Cette étape peut être difficile à comprendre pour les proches, car parfois les sentiments que la personne endeuillée exprime semblent irrationnels. L’essentiel est d’être présent et à l’écoute, sans juger.

Quatrième étape : la dépression

Au cours de ce processus du deuil, la dépression est l’étape la plus longue et souvent la plus difficile. Elle peut durer des mois et même se prolonger pendant plusieurs années. C’est le moment où notre imagination se calme et où on commence lentement à se confronter à la réalité. L’évidence de l’absence du chat s’impose, avec sa kyrielle de conséquences : solitude, habitudes rompues, etc. Marchander n’est plus une option à présent puisque la panique ressentie initialement commence à s’apaiser et le «brouillard émotionnel» se dissipe. Ce stade est caractérisé par une grande tristesse, une insociabilité et une diminution d’énergie. On est immergé totalement dans sa détresse, alimentée par des sentiments de culpabilité et une remise en question permanente. C’est aussi une période qui peut sembler interminable puisque les émotions qui nous submergent nous paraissent insurmontables. La présence et l’écoute de l’entourage sont, là encore, déterminants pour surmonter cette étape.

Dernière étape : l’acceptation

C’est la dernière étape de tout le processus du deuil. Lorsqu’on arrive à cette phase, cela ne veut pas dire qu’on ne ressent plus la douleur de la perte. Cependant, c’est une phase de reconstruction où nous nous résignons à accepter la réalité de la situation : on intègre et accepte le décès de notre animal et on commence à aller mieux. On réussit à se sortir du gouffre de souffrance intense, on se libère de la douleur de cette perte et on arrive enfin à réorganiser son quotidien sans son compagnon à 4 pattes. On est enfin en paix et on recommence à vivre normalement, même si on n’oublie pas sa petite boule de poils. On regarde enfin vers le futur et on peut parfois construire un nouveau projet d’adoption.

Ce modèle reste théorique, dans la réalité, on ne passe pas tous – ou pas de la même manière – par ces différentes phases. La progression peut être linéaires, ou passer par des retours en arrière avant de recommencer à avancer. Ces étapes ne se succèdent pas non plus forcément, certaines personnes peuvent même quitter un deuil et passer à l’ultime étape de liberté d’action, sans que les sentiments qu’elles pouvaient porter à leur animal puissent être considérés comme négligeables.

Comment surmonter un deuil : 10 clefs pour y faire face

  •  Ne pas cacher ses émotions, s’écouter et prendre en compte son besoin de repli et accueillir ses émotions négatives : pleurer, ne pas avoir envie de sortir ou de voir du monde, se renfermer sur soi-même pendant un temps est sain et contribue à passer à l’étape d’après. Nous vous recommandons cette lecture :  » Le pont de l’Arc-en-Ciel « .
  • Entourez-vous d’autres personnes qui ont connu et aimé votre chat. N’ayez pas peur de dire que vous êtes triste ou en colère et reconnaissez la douleur que vous ressentez tous ensemble.
  • Si vous avez un autre animal de compagnie qui était particulièrement proche de votre chat, passez du temps avec lui. Les autres animaux sont aussi en deuil.
  • Essayez de regarder des photos de votre animal ou de trier ses objets préférés. Envisagez de créer un album photo, un album ou une boîte à ombres pour vous souvenir de votre chat et vous rappeler des moments plus heureux.
  • Mettre en place des rituels de deuil, de souvenir ou de mémoire : on s’autorisera à penser et à « célébrer » les « anniversaires de décès » par exemple.
  • Faire des activités plaisantes et reposantes sans culpabiliser de « prendre du bon temps ». Redirigez votre attention et votre concentration. N’oubliez pas qu’il y a encore beaucoup de belles choses dans la vie, même si votre chat est parti. Passez du temps à faire des choses que vous aimez.
  • Appelez un ami empathique qui aime les chats et parlez-lui. Si vous ne trouvez pas quelqu’un à appeler, essayez d’aller en ligne sur un forum ou un groupe de soutien pour les personnes qui vivent la perte d’un animal de compagnie. Parlez de votre chat, dites ce que vous aimiez chez lui et pourquoi il était si spécial.
  • S’autoriser à demander de l’aide et du soutien, que ce soit à un proche (capables de faire preuve d’écoute, qui seront dans le non jugement et dans la bienveillance) ou à un professionnel de santé (psychologue, psychiatre, sophrologue, hypnothérapeute). La thérapie par la parole est puissante et souvent nécessaire. Il n’y a aucune honte à avoir besoin d’aide pour traverser une situation difficile.
  • Envisagez d’avoir un nouveau chat un jour. Cela peut être complètement hors de question pour certaines personnes, mais pour d’autres, elles ont besoin de cet être physique tangible à tenir et à caresser. Vous ne pourrez jamais vraiment remplacer votre chat, mais vous pouvez aider à combler le vide dans votre cœur avec un nouveau chat.
  • Rappelez-vous que le temps ne peut pas être ralenti ou accéléré, mais il vous sera plus facile de faire face à chaque jour qui passe.

Quelle est la durée d’un deuil ?

La durée d’un deuil est très variable selon l’objet de la perte, le contexte, son état psychologique… Il n’y a ni norme, ni temporalité. Chacun fait son deuil à son rythme et à sa façon. Les références internationales mettent en avant une période de 8 à 12 mois pour faire un deuil dit réussi pour un adulte et de 6 mois pour un enfant car l’enfant a généralement une plus grande capacité de résilience. Néanmoins, il n’y a rien de linéaire : l’expression des ressentis fluctue et les rechutes sont possibles. Ce n’est pas grave. Déterminer une durée de deuil est surtout un élément rassurant et sécurisant permettant de savoir que ce que l’on vit est tout à fait normal. On parle de deuil compliqué (ou pathologique) lorsqu’il dure plus de 12 mois chez un adulte et 6 mois chez un enfant. Le deuil compliqué est officiellement reconnu comme une maladie nécessitant un accompagnement par un médecin ou un psychologue.

Il ne faut pas confondre deuil et oubli : on croit à tort qu’il s’agit d’oublier la personne ou l’animal que l’on a perdu, comme s’il fallait tourner la page et passer à autre chose, le but n’est pas d’effacer l’animal de sa mémoire et de son cœur. On ne perd pas le lien mais on se le réapproprie, il devient alors intérieur. Le deuil est un processus de cicatrisation naturel à l’issue duquel la cicatrice reste en soi à tout jamais mais la douleur s’est estompée.