Figure cartoonesque emblématique du street art français, le chat jaune et joyeux de M.CHAT sourit sur les façades d’innombrables bâtiments, en France mais aussi à l’étranger. Vous avez sûrement déjà aperçu la silhouette de ce félin au sourire ravageur dans des endroits perdus, perché sur les hauteurs des rues, Thoma Vuille, son créateur, le promène en toute liberté et le défend contre vents et marées depuis 24 ans. Des procès, mais surtout des expositions à travers le monde n’ont fait qu’accroître sa notoriété.

Le pelage jaune, le sourire ravageur,  une paire d’ailes dans le dos pour s’envoler en cas de grabuge, M. CHAT (écrit ainsi en capitales et par défaut prononcé « Monsieur Chat ») affiche le même visage rond depuis une vingtaine d’années, sous les yeux réjouis de son père adoptif, l’artiste franco-suisse Thoma Vuille. S’affichant dans tous les recoins et façades des plus grandes villes européennes, lui et son compagnon à pattes, sont désormais reconnus par toute la scène street art.

Une vie de Chat

Thoma Vuille peint son premier chat en 1997 à Orléans. L’inspiration lui vient d’un dessin d’enfant. L’artiste est alors étudiant aux beaux-arts, quand lors d’un atelier d’art plastique qu’il anime dans une école, une petite fille pakistanaise lui tend un dessin de chat assez simple. Thoma Vuille décide de l’adopter et de le faire voyager à travers les contrées du street art. Monsieur Chat commence à envahir les rues de la petite ville du Loiret (ce sont d’ailleurs les Orléanais qui l’ont baptisé Monsieur Chat), puis d’autres villes comme Saint-Etienne ou Nantes, et commence à faire parler de lui avant d’atterrir sur les toits de Paris en 2000.

Repéré par le réalisateur et artiste français Chris Marker (lui aussi grand amateur de félins et auteur d’un chat orange), ce dernier lui consacre un de ses films documentaire « Chats perchés », produit par Arte, qui le fera connaître du grand public avec sa projection à Beaubourg en 2004. Pour l’occasion, Monsieur Chat investit la Piazza devant le Centre Pompidou avec « Le plus grand chat du monde » (un gigantesque M.CHAT de 30x50m, c’est le plus grand jamais réalisé par Thoma Vuille) et envahit les pages d’un numéro du quotidien Libération. Dès lors, Monsieur Chat n’a plus de limite et s’envole pour Sarajevo, Amsterdam puis New York en 2006, à l’occasion du Tribecca Film Festival, ses yeux masqués de noir ont conquis le monde entier.

Le chat derrière les barreaux ?

Si Paris compte désormais 80 graffs du minet sur ses murs, le street art, n’a pas été toujours et parfois n’est pas encore du goût de tout le monde. Le 18 mars 2007, Thoma Vuille est pris en flagrant délit par la police municipale alors qu’il décore un mur d’Orléans. Il est ainsi contraint de révéler l’identité du créateur de M. CHAT, mais la justice ne prononce à son encontre qu’une peine symbolique de 300 euros d’amende avec sursis. Il abandonne alors son statut de graffeur underground pour travailler en partenariat avec des institutions, comme la ville d’Orléans ou le Conseil régional de Poitou-Charentes. Cette évolution est parfois décriée car elle est interprétée comme un renoncement à une démarche critique et comme une marchandisation du concept de M. CHAT, ce dont l’artiste se défend en avançant que son art atteint sa maturité et qu’après dix ans au RMI, il aspire à vivre de son travail.

En 2014 la RATP poursuit l’artiste pour six dessins  réalisés sur des murs de la station « Châtelet-Les Halles », alors en travaux. Après beaucoup de rebondissements, et une pétition demandant à la société de transports de retirer sa plainte comptait plus de 20.000 signatures, le procès a été annulé pour vice de forme. Les textes de loi pour lesquels Monsieur Chat était poursuivi ayant en effet été abrogés, la cause féline sera finalement sauvée.

Le street-artiste sera enfin condamné en octobre 2016 par le tribunal correctionnel de Paris à 500 euros d’amende pour un dessin réalisé au marqueur dans une gare parisienne en septembre 2015. Le parquet avait requis trois mois de prison ferme pour « récidive » dans le cadre de « dégradations » à la SNCF.

Reconnu par les leaders de la scène street art européenne (Frank Shepard Fairey, Banksy, Space Invader…), celui-ci souhaite s’émanciper de l’effet de mode propre à la mouvance graffiti et s’assimiler à des mouvements moins marginalisés tels que le pop art ou le land art.

Hyper connecté, M. Chat a un compte instagram et une page facebook où il raconte toutes ses actions et ses collaborations.