Votre chat mange souvent du plastique, du carton, des feuilles de papier ? Il se pourrait qu’il soit atteint du syndrome de Pica. Ce trouble du comportement alimentaire, que l’on observe également chez les humains et les chiens, pousse le chat à manger tout et n’importe quoi, essentiellement des éléments non comestibles ou non nutritifs. De quoi s’agit-il vraiment ? Quels en sont les risques ? Quoi faire ? On vous explique !
En règle générale, les chats sont rarement victimes de troubles alimentaires. Cependant, le pica est le plus connu et potentiellement le plus dangereux pour les animaux. S’il est généralement associé au chat, il faut savoir que le chien et même l’Homme peuvent en souffrir. Toutefois, il faut savoir distinguer le jeu du vrai problème alimentaire pour éviter au chat de graves complications.
Qu’est-ce que le pica chez le chat ?
Le pica est un trouble du comportement alimentaire défini par l’ingestion régulière de substances non alimentaires. Contrairement à ce que l’on peut observer chez le chien, chez le chat, l’absorption d’objets non alimentaires est vraiment rare… Le terme « pica » vient des habitudes alimentaires de certains oiseaux, et plus précisément de celles de la pie (en latin Pica) connue pour ses comportements de voleuse, dont notamment vis à vis d’objets qui ne lui servent pas à se nourrir.
L’animal peut se mettre à manger des cailloux, de la terre ou des plantes. Toutefois, le chat d’intérieur aura davantage tendance à manger des élastiques, du papier, des morceaux de tissu, des cartons, de la ficelle, du plastique, des fils électriques… Tout ce qui peut être à portée de la bouche du chat peut être mangé lors d’une crise. Néanmoins, le pica n’est pas permanent : l’animal malade connaît des phases de repos et des phases où le trouble est plus actif.
Notez qu’un chat qui mange des plantes n’est pas considéré comme un chat souffrant de pica. L’ingestion de végétaux est un comportement instinctif chez nos moustachus. Ils cherchent à se purger. Certains chats peuvent également mâchouiller du tissu, du carton ou du plastique pour se “faire” les dents. On parle de pica quand un chat mange des éléments non comestibles, et encore une fois, depuis un certain temps.
Si votre chat mange souvent vos végétaux, n’hésitez pas à lire notre article sur les plantes toxiques à éloigner de ses pattes.
Quels sont les causes du pica chez le chat ?
Comme lorsqu’il se produit chez l’humain, le chat subit une pulsion qui le pousse à ingérer des éléments non alimentaires, sans qu’il n’y ait de raison rationnelle. Les spécialistes supposent que c’est une façon pour l’animal de gérer son anxiété, de soulager des tensions.
Les causes de cette anxiété peuvent être multiples : un sevrage trop précoce, par exemple, ou un environnement stressant dans lequel vit votre petit compagnon, l’arrivée d’un bébé ou d’un autre animal, un déménagement. Cela peut même être la conséquence du déplacement d’un objet dans la maison. En effet, la plupart des chats sont très attachés à leurs routines et n’aiment ni le changement ni la nouveauté. Lorsqu’ils sont particulièrement sensibles, ils déclenchent alors des troubles du comportement dont le pica fait partie. Si le pica est récent, trouver l’origine du stress chez l’animal (changement du mobilier, environnemental ou familial, déménagement, visite chez le vétérinaire, etc.) et le corriger peut permettre de diminuer les épisodes de trouble alimentaire.
Outre l’anxiété, de récentes études ont relevé un lien entre ce syndrome et des troubles digestifs chroniques, dont notamment les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), ainsi que des carences alimentaires ou d’absorption et des irritations de l’estomac.
Certaines maladies comme les anémies hémolytiques, les déficiences en pyruvate kinase (défaut d’une enzyme qui entraine une anémie, surtout chez les Abyssin, Somali, Chats des Forêts Norvégiennes, Singapura, Bengal, Maine Coon, Sibérien), une péritonite infectieuse féline, peuvent induire du pica.
Les déficiences nutritionnelles, les maladies métaboliques, les désordres neurologiques peuvent aussi selon certains auteurs provoquer du pica chez les chats atteints.
Quels sont les conséquences du pica chez le chat ?
Tout dépend de la nature de l’objet/matière sur laquelle votre chat a jeté son dévolu et de sa localisation.
Les conséquences peuvent être bénignes, avec un léger vomissement ou une petite diarrhée de courte durée, ou plus sérieuses : anorexie (arrêt de la prise d’aliments), salivation excessive (ptyalisme), diarrhée prolongée, déshydratation, empoisonnement, occlusion intestinale (tube digestif totalement bouché pouvant mener au décès). CES DEUX DERNIERS SONT DES URGENCES VÉTÉRINAIRES.
Dans le cas d’une occlusion intestinale, il faudra passer par la case chirurgie pour extraire le corps étranger avalé. Dans les cas les plus complexes, il sera nécessaire de retirer une partie des intestins mais, quoi qu’impressionnantes, ce sont des interventions dont les chats se remettent généralement très bien !
Pour prévenir pareil recours, mieux vaut être à l’affut des signes avant-coureurs de tout blocage comme :
- les vomissements incoercibles
- les diarrhées
- la constipation (le chat va à sa litière mais n’arrive pas à déféquer)
- les changements d’attitude soudains (isolement, apathie).
Que faire face à ce trouble du comportement alimentaire ?
Tout ce qui contribue à détendre et relaxer le chat peut avoir un effet bénéfique lorsque le pica provient de l’anxiété. Une visite chez le vétérinaire s’impose en première intention car il faut déterminer les causes. L’appel à un comportementaliste félin peut s’avérer complémentaire pour bénéficier des meilleurs conseils.
Si l’origine est comportementale, vous aurez à stimuler votre chat car l’exercice physique est excellent contre le stress. Jouez davantage avec lui, mettez en place des routines apaisantes, fragmentez ses repas, trouvez-lui des sources de distraction.
Les phéromones en spray ou en diffuseur ont un effet sur certains chats, mais pas sur tous. Plus le pica est installé, plus il est difficile à soigner. Un chat atteint a tendance à y revenir après des périodes d’accalmie. Il faut donc l’accompagner lorsque cela s’intensifie.
Quand on est sur un cas léger de Pica, cacher les objets « chouchous » à mâcher peut se révéler, certes plutôt simpliste, mais aussi très efficace.
Si le syndrome vient d’une carence alimentaire, vous devrez changer l’alimentation de votre animal, et adapter la qualité et la quantité de ses croquettes sur les conseils de votre vétérinaire.
Pensez également à donner régulièrement à votre petit compagnon de l’herbe à chat fraîche, que l’on trouve en animalerie ou en jardinerie.
Si vous ne l’avez pas fait depuis longtemps, vermifugez votre chat, il arrive que le fait d’être infesté provoque une envie de manger n’importe quoi. De même, donnez-lui une pâte ou des boulettes contre les boules de poils, un chat gêné par un trichobézoard peut développer le pica.
Enfin, il existe des jouets à mâcher, ils peuvent remplacer les papiers, cartons et autres tissus que votre petit félin grignote habituellement.
Il n’y a donc pas de traitement spécifique au pica, mais des aides pour en venir à bout, à adapter en fonction de la cause.
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